Résilience et ultrarésilience

Le 21 septembre 2020, soit 31 mois après un accident qui a mis fin à un “voyage” de 80 000 kilomètres en course à pied, j’ai publié un article dans lequel j’abordais plusieurs thématiques : le sport, la performance, la résilience le mental et la perte de poids.

Aujourd’hui, je vous présente une expérience qui s’est déroulée du 10 février 2020 au 10 juin 2021. Cette expérience avait un triple objectif :

1.    Mettre en œuvre plusieurs routines quotidiennes sur une durée de 16 mois. Les 3 heures de sport par jour étaient planifiées avec des séances de focalisation, de méditation active et de visualisation mentale auxquelles j'associais la musique (classique, rock, électro), l'écoute de tempi réguliers et des rythmes simples ou élaborés, l'​écoute active de podcasts (mémorisation), la résolution de problèmes (jeu d'échecs) et la réalité virtuelle (avec ou sans casque).
2.    Analyser l’impact de ces routines expérientielles sur les processus décisionnels, sur la gestion de la douleur et la fatigue, sur la mémorisation, la motivation, l’engagement, la persévérance et la résilience ;
3.    Consolider mes “piliers” de résilience et explorer de nouveaux territoires.

 

Parallèlement, je devais éviter 5 risques majeurs liés aux routines :
-      L’apparition d’une insensibilité à ce qui m’entoure ;
-      La complaisance vis-à-vis des activités récurrentes “mono-tâches” ou “multitâches” (interactionnelles) issues du cadre étroit de mes routines quotidiennes ;
-      L’enfermement dans un monde où la routine devient un “refuge” qui me contraindrait et effacerait toute forme de curiosité, de volonté de changement ou de créativité ;
-      La confrontation à une forme de “viscosité” qui m’empêcherait de choisir un autre chemin et d’avancer sur un itinéraire différent de celui choisi pour la routine ;
-      L’abandon de toute forme de courage et de motivation en dehors de la stricte conduite de la routine.

 

Une routine expérimentale et systémique

En 2018, après ma blessure au genou et une lente reconstruction qui a duré de mars 2018 à septembre 2020, j’avais pour objectif de recouvrer toutes mes capacités au travers d’un challenge physique qui associait des séances de sport à des séances de focalisation, de méditation active et de visualisation mentale. 

Pour assurer la conduite de ce challenge, j’ai élaboré une méthodologie en 6 étapes :

1.    Lever les freins à l’action et lutter contre les pulsions inconscientes qui pouvaient brider ma volonté grâce à des techniques de programmation mentale (BOOPP®) ;
2.    Lier la routine à un ancrage émotionnel (méthode différente de la PNL) ;
3.    Définir un objectif principal et des objectifs secondaires dans une stratégie globale ;
4.    Élaborer la cartographie de cette stratégie (186 items) ;
5.    Définir une structure interne (composants) de la routine ainsi que des protocoles spécifiques ;
6.    Concevoir un plan d’action progressif et un jalonnement temporel.

 
 

Un environnement maîtrisé et bien délimité - La mise en œuvre de ces routines quotidiennes devait s’insérer dans un planning déjà chargé entre des activités professionnelles et personnelles. Il fallait donc sanctuariser 3 ou 4 heures par jour afin d’éviter les “dommages collatéraux” sur les routines engagées depuis plusieurs années (lecture, écriture, musique). Durant toute la durée de ce projet, l’expérimentation n’a été interrompue que 7 jours non consécutifs.

Les séances se déroulaient en début et en fin de journée afin de pouvoir analyser les données sur une base commune et dans des conditions similaires de pratique : chaque matin entre 5h00 et 7h00 (2 heures maximum) - chaque soir entre 18h00 et 21h00 (3 heures maximum). 17 séances ont duré entre 4 et 5 heures consécutives.

 

Matériels utilisés : rameur, vélo elliptique, vélo installé sur un home trainer connecté, PC “gaming” (capable de supporter, en simultané, les environnements logiciels et la réalité virtuelle), casque de réalité virtuelle, logiciels d’enregistrements et d’analyses pour le rameur et le home trainer connectés.  

L’intérêt de l’environnement connecté du home trainer est multiple et permet de s’approcher des conditions réelles de l’entraînement cycliste : mesure très précise de la puissance avec moins de 1% d’écart, génération des niveaux de résistance en fonction de la physionomie du parcours (montées, descentes, sprint, basse vitesse, peloton, etc.), simulation de revêtements routiers, accès à 10 mondes différents, 130 parcours définis et une infinité de parcours libres, Les fréquences cardiaques ont été enregistrées via un cardiofréquencemètre et traitées sur des applications dédiées.


Bilan des séances sur 486 jours
(151 jours en temps cumulé)

Du 10 février 2020 au 10 juin 2021, j’ai accompli 1 240 heures de sport :

-      607 heures de cyclisme sur home trainer (49 % du temps global) – 22 000 kilomètres
-      428 heures de rameur (35 % du temps global) – 3 586 kilomètres
-      205 heures de vélo elliptique (16 % du temps global) – 2 460 kilomètres

Pour un total de 1 085 séances et 515 expériences menées.

 

Séances sur 486 jours (bilan quotidien)

L’expérimentation a débuté alors que j’étais encore dans ma phase de reconstruction après ma blessure au genou. Entre février et juin 2020 la charge de travail était progressive afin de passer d’une moyenne de 1 heure à 3 heures de sport par jour (juin 2020/juin 2021). Durant la montée en puissance, j’ai fait du renforcement musculaire spécifique (isométrie et électrostimulation) et j’ai traité les douleurs résiduelles par des séances de travail sur le mental.

 

Séances sur 486 jours (bilan hebdomadaire)

 

Sport, méditation, focalisation et visualisation, un mélange détonnant !

Afin de disposer d’une plateforme expérimentale complète, j’ai systématiquement associé des activités extra-sportives aux exercices physiques, Au-delà de l’analyse des processus décisionnels, de la focalisation, de la méditation, de la visualisation mentale, de l’engagement, de la motivation, de la persévérance, je voulais progresser dans ma connaissance et dans le perfectionnement des mécanismes de l’ultrarésilience® engagées entre deux phases traumatiques.

 

1.    32 % de focalisation et de visualisation mentale (397 heures)
2.    30 % de méditation (372 heures)
3.    9 % d’écoute de musiques électro créées pour l’occasion (111 heures)
4.    8 % de podcasts de France Culture et des cours de philosophie (100 heures)
5.    7 % d’écoute de musiques pop, rock (87 heures)
6.    6 % de cours d’échecs en vidéo et de résolutions de problèmes (74 heures)
7.    6 % d’écoute de musique classique (74 heures)
8.    2 % de visionnage de films (25 heures)

 

Couplages interactionnels entre les activités sportives et les activités extra-sportives

Chacune de ces activités a fait l’objet d’une étude spécifique qui répertorie et analyse les données obtenues tant du point de vue physique, physiologique que psychologique. Cette étude est intégrée à une approche systémique qui précède la modélisation (en cours de traitement).

 

Principales expériences menées durant 16 mois

o  Cartographie et modélisation de la routine et de ses composants (processus décisionnels, impact des fluctuations motivationnelles, fatigue, mémorisation, résultats sportifs, qualité de la méditation, de la focalisation et de la visualisation mentale, etc.) ;
o  Impact des séances matinales sur les activités de la journée (lecture, écriture, etc.) ;
o  Comparaison entre 2 activités similaires exécutées le même jour (matin et soir) ;
o  Mise en œuvre des capacités mémorielles et des capacités d’analyses (immédiates et différées) liées à l’écoute des podcasts de France Culture, des cours d’échecs (audio et vidéo) et de la résolution de problèmes échiquéens (fins de parties et mats en 4 et 5 coups) ;
o  Impact des styles de musiques écoutées sur les activités de visualisation mentale et sur les performances sportives ;
o  Apport du métronome sur le tempo physique et sur le rapport au temps lors de sessions “à l’aveugle” et de sessions sans masque de nuit ;
o  Analyse de la méditation sur un corps en activité (en mouvement) et inversement ;
o  Analyse des effets de la méditation, de la focalisation et de la visualisation mentale lors de séances en aérobie (effort d’intensité modérée) et en anaérobie (effort en résistance) ;
o  Comparaison des effets de la méditation, de la focalisation et de la visualisation mentale sur 3 appareils différents, le rameur (action alternée des jambes et des bras), le vélo elliptique (action simultanée des jambes et des bras ou bien des jambes seules) et home trainer (action simultanée des jambes) ;
 Analyse des processus de déclenchement des transes méditatives ;
o  Analyse des séances avec ou sans bouchons d’oreilles (impacts sur la focalisation, la visualisation mentale et la méditation) ;
o  Analyse des résultats liés à l’utilisation d’un casque de réalité virtuelle durant les activités de focalisation et de visualisation dirigée ;
o  Analyse des séances “à l’aveugle” (les yeux fermés ou avec l’utilisation d’un masque de nuit) durant les activités de focalisation, de visualisation mentale mais également calcul de l’impact sur la séance de sport (parcours contraints avec les sensations physiques ressenties : augmentation et baisse de la résistance, revêtements du sol, etc.) ;
o  Analyse des capacités aérobies et anaérobies, fréquences cardiaques, rendements en w/kg, maintien du tempo, durée des séances, performances sur une heure ou sur une épreuve spécifique, survenance de la fatigue musculaire et psychologique, etc. ;
o  Analyse des résultats, sur un même parcours cycliste, entre une session à l’aveugle (port d’un masque de nuit empêchant l’accès à toute information visuelle) et une session avec visualisation du parcours sur l’écran comprenant toutes les données en direct (watts, watts/kg, vitesse, RPM, kilométrage, temps, dénivelé) et l’environnement général de la course ;
o  Détection et analyse des premiers signes de désensibilisation, des possibles phases d’enfermements et des signaux faibles liés à la sensation d’une perte de motivation “extra-routinière” ;
o  Analyse du rôle des neurotransmetteurs en fonction des activités et des résultats à atteindre ;
o  Analyse du baromètre bi quotidien de mon état général : moral, fatigue, douleurs, motivation, concentration, etc. pré et post-entraînement.

 

Conclusion

“Aliquis non debet esse judex in propria causa, quia non potest esse judex et pars”
“Personne ne doit être juge de sa propre cause, parce qu'on ne peut être à la fois juge et partie”

En tant que chercheur indépendant, je ne considère pas ces expérimentations comme des expériences scientifiques, stricto sensu, car elles ne répondent pas aux critères des méthodes expérimentales et aux critères de scientificité. J’ai conscience que je suis “juge et partie” face à l’analyse d’une multiplicité de données factuelles (objectives), de données issues d’auto-évaluations et de données subjectives. Cependant, toutes ces données ont fait l’objet d’un traitement spécifique afin de dégager les premières conclusions personnelles après 16 mois d’expérimentations.

Données factuelles : informations enregistrées sur le home trainer (calibré) : watts, watts/kg, vitesse, RPM, kilométrage, temps intermédiaire et temps final, dénivelé, parcours - facteur de résistance du rameur, facteur de résistance du vélo elliptique, fréquences cardiaques durant les séances, au repos et durant la nuit - résultats des tests FTP qui évaluent le seuil de puissance fonctionnelle - calories absorbées quotidiennement et composition des nutriments - sommeil : durée totale, durée des phases d’éveil, de sommeil paradoxal, de sommeil léger et de sommeil profond - courbes de poids, de l’IMC, de l’IMG, de la proportion de masse musculaire, de la graisse viscérale et sous-cutanée, etc.

Données issues d’auto-évaluations : analyse de la douleur par le Questionnaire Douleur Saint Antoine (QDSA) et le Brief Pain Inventory (BPI) - analyse de la fatigue par l’échelle de fatigue de Pichot - analyse de l’engagement et de la motivation par l’échelle de la motivation BOOPP®

Données subjectives : analyse du ressenti général pré et post-entraînement - perception des efforts (même si nous pouvons croiser les résultats cardiaques issus d’un système d’enregistrement aux sensations à l’issue d’une séance d’entraînement) - ressenti des séances de méditation, de focalisation et de visualisation mentale, etc.

 

Premiers enseignements (non exhaustifs) des expérimentations

-      Meilleure compréhension de la méditation et des liens qu’elle entretient avec les perceptions, les sensations ainsi qu'avec les stimulii auditifs, visuels et kinesthésiques ;
-      Modification des capacités de mémorisation suivant les différents types de mémoire : perceptive, procédurale et sémantique ;
-      Modification de la perception de la douleur et de la fatigue ;
-      Modification des perceptions sensorielles liées à la vue, à l’ouïe et au toucher ;
-      Modification des capacités de résolution de problèmes ;
-      Modification des capacités et des processus de concentration ;
-      Capacité de traitement immédiat des signaux faibles relatifs à une forme de décompensation et ancrage immédiat sur le “réel” (mise en œuvre de contre-mesures) ;
-      Mise en œuvre très rapide de la focalisation et de la visualisation sur des périodes supérieures à 2 heures ;
-      Modification notoire des résultats sportifs, même pour un quinquagénaire en reconstruction…

 

Quelques conséquences physiques...

-      Dysesthésie à la main droite (douleurs et engourdissement) due à la traction répétitive des mains sur la poignée de tirage du rameur et sur les bras du vélo elliptique ;
-      Épisodes de paresthésies nocturnes liées à la dysesthésie ;
-      Apparition de phlyctènes et de cals indurés sur les paumes des mains (rameur) ;
-      Traumatologie musculaire (élongation) des muscles intervertébraux et intercostaux (rameur) qui a nécessité 2 semaines d’arrêt du rameur ;
-      Désagréments physiques généraux liés à la station prolongée sur le rameur et le home trainer ;
-      Apparition de cybercinétose (mal du mouvement, “motion sickness”) lors de l’utilisation prolongée du casque de réalité virtuelle ;
-      Conflit entre les sens (problèmes d’intégration multisensorielle) et parfois apparition des premiers signes de cinétose ;
-      Fatigue due à l’hyperextension du cou pour contrer le poids du casque de réalité virtuelle ;
-      Inflammation du périnée causé par la station prolongée sur la selle du vélo ;
-      Temps de latence constaté entre le passage de la phase de focalisation à celle de la méditation ;
-      Problèmes de concentration liés aux douleurs et difficultés pour obtenir une posture méditative constante ;
-      Difficultés pour revenir à un état stable et maîtrisé à l’occasion de deux séances de transe méditative sur un total de 34 séances (protocole : écoute musicale à base de percussions – basse et intra-basse) sur un tempo très rapide et un rythme physique réglé sur ce même tempo ;
-      Apparitions 3 de phases de décompensation (rapidement maîtrisées) ;
-      Nécessité de consacrer 57 séances pour gérer les désagréments physiques, les atténuer et affiner les différentes méthodologies utilisées.

En raison de l’aspect multidimensionnel des variables à prendre en compte, j’ai conscience de la complexité de l’analyse de ces expérimentations. Néanmoins, elles représentent une exceptionnelle mine d’informations qui améliore ma compréhension des méthodes et outils que j'utilise pour comprendre les ressorts de la résilience.

L’environnement de ces expérimentations et les conclusions qui en seront extraites seront présentés dans le cadre de conférences programmées en fin d’année 2021.

Enfin, au-delà de l’importance capitale de lire, d’étudier, d’analyser des thématiques ou des problématiques développées par autrui, je vous conseille de faire preuve de créativité, de vous engager sur des chemins inconnus, de trébucher, de tomber, de vous relever, de tester, de vous tester, d’expérimenter, de pousser votre raisonnement dans ses derniers retranchements, d’être actifs, bref d’oser, tout simplement mais toujours avec pugnacité et engagement !

 
 
 

 

 

 

Il n’y a pas de solutions-miracles pour reprendre le sport après une blessure, il n’y a pas de solutions-miracles pour perdre du poids durablement, il n’y a pas de solutions-miracles pour programmer son cerveau de façon pérenne. Seuls la pugnacité, l’acharnement et le travail paient !

Lorsque l’un des “moteurs” de ma résilience disparaît du jour au lendemain, mon monde se fissure.

En 40 ans, 2 mois et 16 jours je parcours l’équivalent de 2 tours du monde en course à pied (un peu plus de 80 000 kilomètres). Chaque mètre consolide ma résilience et stimule mes capacités physiques, physiologiques et neurobiologiques.

En courant quotidiennement, je profite des fantastiques bienfaits du sport : je prends soin de mon corps, je préserve mon cœur, je maîtrise mon poids, je relâche mes tensions, je canalise mon stress, je développe mes capacités d’analyse, je cultive ma créativité et je favorise mes processus décisionnels*. Mon cerveau est toujours en ébullition et en capacité d’affronter n’importe quel challenge.

*Depuis quelques années seulement, nous savons que la pratique de la course à pied favorise la vascularisation du cerveau, ce qui a pour effet d’augmenter notre capacité de raisonnement. La sécrétion d’une protéine appelée cathepsine B produit des neurones dans l’hippocampe et stimule la capacité à analyser, raisonner et décider.

L'année 2017 se termine en apothéose
avec plus de 5 000 km parcourus en 479 séances...

 

Mars 2018, l’effondrement
Alors que je descends un escalier, mon genou droit se bloque et devient extrêmement douloureux, j’ai la sensation qu'il est transpercé de part en part, je n’arrive plus à bouger, je m’effondre sur le sol.

Le diagnostic est préoccupant : large fissure de la corne postérieure du ménisque (associée à une péri-méniscite), œdème osseux fémoral, importante ossification liée aux séquelles de la maladie d’Osgood-Schlatter (maladie que je découvre 40 ans plus tard...), chondropathie fémoro-patellaire, épanchement, kyste et de nombreuses lésions musculaires.

Pour le chirurgien, ces blessures multiples s’expliquent facilement. Après 40 années de course à pied, des millions de chocs répétés, des traumatismes liés à la pratique du parachutisme, des lésions récurrentes… mon genou devait lâcher tôt ou tard.

Son constat est sans appel : 4 mois d’immobilisation totale avec un arrêt complet de toute activité physique. Pourtant, il me rassure sur une possible reprise de la course à pied. Je reste confiant !

 

ACTE 1 - La lutte contre les douleurs et l’amyotrophie.

Pendant 4 mois, je reste immobilisé à la maison. Je ne prends aucun médicament pour soulager les douleurs. Chaque jour, je gère ces douleurs et leurs effets corollaires (stress, fatigue, démotivation, etc.) par des séances de focalisation, de méditation de pleine conscience et d’auto-hypnose. Trois fois par semaine, je déroule des processus de programmation mentale (méthode BOOPP®) que j’avais largement testés et éprouvés durant ma reconstruction après mon accident de 1987. J'entame alors une nouvelle phase de résilience.

En parallèle de la programmation mentale, j’atténue les effets de l’amyotrophie des muscles (atrophie musculaire) qui soutiennent les genoux (quadriceps, ischio-jambiers, vaste médial) par l'intermédiaire d'un protocole comprenant des exercices de visualisation motrice, de contractions musculaires déclenchées volontairement (isométriques), des séances d’électrothérapie** et d’électrostimulation. L'objectif est de limiter les effets de l'arthrose fémoro-tibiale : avec un relâchement musculaire, la jambe s'arque de plus en plus, génère un déplacement du centre de gravité du genou et augmente la pression sur la corne postérieure du ménisque.

**Au début des années 90, dans le cadre de mes études universitaires, je développe un Système Interactif d’Aide à la Décision (SIAD - Système expert) en électro-physiothérapie antalgique dans le cadre de traitements de traumatismes liés aux sports d’endurance. Les connaissances acquises me permettent d’être complètement autonome dans le traitement de mes douleurs musculaires et articulaires (organisation et contenu des séances, choix des programmes en fonction des pathologies, adaptation en fonction des résultats intermédiaires, etc.).

Contenu du protocole :
1 - Exercices bi-quotidiens de visualisation motrice durant lesquels je m’imagine (en temps réel) en train de courir dans le bois de Boulogne (3 x 30’ / jour) ;


2 - Exercices isométriques spécifiques (le cerveau envoie un signal électrique qui libère des neurotransmetteurs à l’origine de la contraction musculaire) pour les muscles soutenant le genou (quadriceps, ischio-jambiers, vaste médial) mais aussi pour les autres muscles impliqués dans la course à pied (muscles fessiers, abdominaux, triceps suraux et voûte plantaire). Le principe est simple : les contractions volontaires des muscles agonistes et antagonistes s’exercent de façon statique afin d’immobiliser le segment ostéo-articulaire du genou et de ne produire aucun mouvement qui pourrait engendrer des douleurs (10 x 10’ / jour) ;


3 - Séances d’électrothérapie (impulsions électriques avec des courants d’intensités discontinus et de fréquences variables envoyées aux muscles et qui provoquent des contractions sans passer par un déclenchement provenant du cerveau) avec des programmes antalgiques par inhibition sensitive segmentaire (gate control) destinés à atténuer les douleurs par le déclenchement d’un courant excito-moteur tétanisant trophique et d’un courant antalgique avec libération d’endorphines (2 x 15’ / jour) ;


4 - Séances d’électrostimulation en utilisant des programmes spécifiques sur les quadriceps et ischio-jambiers pour effectuer un travail alternatif et obtenir une amélioration de l’endurance en stimulant, à bas régime, les fibres à contractions lentes de type I et les fibres à contractions rapides de type II (3 x 30’ / jour).

Ces séances quotidiennes limitent l’amyotrophie, diminuent la douleur et exercent une action très positive sur la gestion du stress lié à l’arrêt total du sport. En seulement 4 semaines, je récupère les 110° de flexion du genou nécessaires à la reprise de sports portés (vélo sur home trainer, vélo elliptique et rameur).

 

La soudaine apparition de Troubles du Comportement Alimentaire (TCA)

En l’absence d’une activité sportive structurée et en présence d’une baisse abyssale de la dépense énergétique, j’arrive plus ou moins bien à stabiliser mon poids malgré un régime très restrictif. Hélas, le mental ne suit pas vraiment et je commence à ressentir les premiers symptômes des TCA. Je n’arrive plus à endiguer la prise de poids, tout s’accélère et je perds le contrôle !

En juillet 2018 je retourne à l’hôpital pour faire un nouveau bilan. Le chirurgien constate le bon état général de mes groupes musculaires. Il me conseille de reprendre la course à pied graduellement pour limiter la prise de poids. Pendant 3 semaines, je consolide les muscles des membres inférieurs en continuant mes exercices isométriques et mes séances d’électrostimulation.

Début août 2018, je suis prêt ! je décide de reprendre le footing en douceur, l’objectif est de ne surtout pas se blesser. J’ai la sensation de marcher sur des œufs, mes gestes sont peu assurés, mes articulations sont “rouillées” mais je reste confiant.

 

ACTE 2 - Chronique d'une chute annoncée.

Fin août 2018, au 3ème km d’un footing léger (7km/h de moyenne) mon genou lâche, la douleur est insoutenable. À cet instant je comprends que je ne pourrai plus jamais courir.

Retour à l’hôpital… Malgré mon âge (53 ans), le chirurgien me propose de pratiquer une ostéotomie tibiale. Cette opération, réservée aux patients de moins de 50 ans, nécessite de couper partiellement le tibia et d’insérer un substitut osseux pour corriger la déformation et éviter la pression sur le ménisque. J’en discute longuement avec ma femme et nous prenons la décision de refuser l’opération.

Obésité, la descente aux enfers...

Bis repetita placent... Entre août 2018 et décembre 2019 (16 mois), je me retrouve une nouvelle fois immobilisé. Malgré un contrôle drastique des calories absorbées et de gros efforts pour limiter les conséquences des TCA, je passe de 74 kg à 91 kg.

Mon état de santé se dégrade au fil des semaines :

- Stockage important des calories issues des lipides et des glucides ;
- Perte significative de la masse musculaire malgré les exercices isométriques et l’électrostimulation ;
- Augmentation du rythme cardiaque ;
- Troubles du sommeil ;
- Augmentation des périodes de stress et libération de cortisol dans l'organisme ;
- Apparition des premiers signes de mal être ;
- Baisse des aptitudes de concentration ;
- Baisse des capacités d’analyse ;
- Baisse de la créativité.

Je ne comprenais pas pourquoi j’avais pu me remettre d’une fracture de la colonne vertébrale en 1987 (spondylolisthésis aigüe de type IV, fracture des apophyses articulaires avec des lésions médullaires liées au “syndrome de la queue de cheval”) et pourquoi je me retrouvais complètement immobilisé, figé, englué, par des pathologies au genou et par une prise de poids exceptionnelle. Évidemment, le tableau clinique était très différent mais le processus de reconstruction restait le même. Il suffisait d’en prendre de nouveau conscience, de l’accepter et de le mettre œuvre sans attendre.

 

ACTE 3 - La reconstruction physique et mentale.

Vous connaissez l’adage célèbre “Les cordonniers sont les plus mal chaussés”, qui proviendrait d’un écrit de Montaigne : “Quand nous voyons un homme mal chaussé, nous disons que ce n’est pas merveille, s’il est chaussetier”.

Je croyais que ma maîtrise de la programmation mentale me permettrait de faire face, sans trop d’efforts, à tous les accidents de la vie. Dans mon processus de reconstruction, j’ai un peu délaissé le mental car je pensais qu’un traumatisme du genou était beaucoup plus facile à gérer qu’une paraplégie. Grave erreur de jugement !

Entre janvier et avril 2020, motivé par cette prise de conscience tardive, je réintègre le mental dans ma reconstruction physique et physiologique. Je mets en œuvre le même processus de programmation que j’avais expérimenté à la fin des années 80 (focalisation, visualisation motrice, visualisation mentale, méditation, auto-hypnose, etc.) avec une approche spécifique et modulaire issue de la méthode BOOPP® non pas uniquement pour gérer les douleurs “post-traumatiques” mais aussi pour atteindre deux objectifs majeurs : perdre du poids et reprendre le sport de façon pérenne.

Pendant 3 mois, à raison de 3 heures de travail quotidien sur le mental, je me programme dans le but de tenir un contrôle strict de mon alimentation (sans aucune privation mais avec un ciblage précis sur les TCA) et de reprendre un entraînement physique bi-quotidien et, si possible, 7 jours sur 7.

Durant cette même période, je réhabitue mon genou à des efforts de plus en plus longs et exigeants et les résultats sont prometteurs. Après 104 jours de renforcement musculaire, je passe (en vélo connecté) d'un développement de 160w (1.9w/kg) pendant 10' sur une série de côtes à 5% à un développement de 300w (3.7w/kg) pendant 10 minutes sur une série de côtes à 8%. Les progrès sont là mais ils ne concernent que le gain en "explosivité" (capacité à imprimer un rythme violent pendant un laps de temps assez court).
Je suis réaliste, je n'ai pas encore la force de de pouvoir supporter de longues séances d’endurance et de résistance...

Mai 2020, je suis prêt à atteindre mes deux objectifs majeurs : perte de poids et reprise du sport.

En 16 semaines (du 15 mai au 15 septembre 2020), grâce à ce travail préparatoire en profondeur sur le mental, au contrôle de mon alimentation et à un entraînement ciblé, je me lance à la conquête de ma reconstruction physique :

1. Renforcement musculaire spécifique (isométrie et électrostimulation) ;
2. Spin-bike (sous les 80 tours/minute afin de limiter les frictions sur la rotule) ;
3. Rameur avec des exercices fractionnés en aérobie et anaérobie ;
4. Vélo elliptique pour des séances spécifiques en aérobie ;
5. Home trainer connecté pour des courses en anaérobie (avec ou sans VR).

 

En 16 semaines je perds 16,5 kg et je retrouve 90% de mes capacités physiques (ante-traumatisme).

Aujourd’hui, mon genou supporte de 3 à 4 heures de sport par jour (75% en aérobie et 25% en anaérobie), mon cœur au repos est passé de 75 BPM en janvier 2020 à 51 BPM en août 2020 et mon sommeil s’est très fortement amélioré.

Sans être exceptionnels, les résultats sont significatifs : vélo sur home trainer : passage de 25 km à 35,3 km sur 1 heure /// rameur : passage de 12,2 km à 15,1 km sur 1 heure /// vélo elliptique : passage de 8 km à 13 km sur 1 heure.

“La promptitude dans l’action n’est que le fruit de la réflexion préalable jointe à une grande expérience.”
Sun Wu (VIᵉ siècle av. J.-C.)

La méthodologie utilisée est transférable sur de très nombreuses problématiques autres que des traumatismes du genou. À vous d'y réfléchir et de l'adapter...

À l'issue de cette longue période de reconstruction je retiens 7 points principaux :

1. Utiliser immédiatement la puissance de la programmation mentale pour gérer la douleur, les émotions négatives, le stress, le mal être mais aussi pour consolider les processus motivationnels et décisionnels, engager le combat et l’ancrer durablement sur de longs mois, voire de longues années ;


2. Réfléchir à une stratégie globale qui prend en compte tous les aspects de la problématique. Cela passe par une analyse fine de la situation initiale (pathologie clinique et ses conséquences) et la détermination de l'objectif final (reprise du sport et perte de poids) ;


3. Élaborer une cartographie mentale liée à cette stratégie mais également aux interactions qui existent entre la structure du genou et sa fonction (principalement lors d’exercices sportifs). Cette analyse de la structure et de sa fonction facilite la détection et la validation des axes et des protocoles de traitements ;


4. Détecter les mécanismes d’autorégulations susceptibles de renforcer la structure du genou. Comme je ne pouvais pas agir directement sur les pathologies (une opération médicale était nécessaire), j'ai rééquilibré et stabilisé l’articulation en travaillant sur les muscles impliqués dans le maintien du genou : les quadriceps pour l’extension, les ischio-jambiers pour la flexion et le vaste médial qui participe à l’extension de la jambe et stabilise la rotule durant les mouvements. Je ne me suis pas attaqué au cœur du problème mais à son environnement direct ;


5. Déduire un jalonnement ainsi que des solutions accessibles en passant par des objectifs principaux et secondaires atteignables ;


6. Définir un plan d'action ;


7. Ne pas croire celles et ceux qui veulent vous vendre des solutions-miracles : programmer un cerveau en une dizaine de minutes, perdre du poids sans efforts, absorber des gélules magiques “mange-graisse”, gérer son stress en quelques jours, développer sa résilience en moins d’un mois… toutes ces promesses sont illusoires et elles ne servent qu’à enrichir des laboratoires peu scrupuleux ou bien des gourous du développement personnel.

N'oubliez pas... Seuls la pugnacité, l’acharnement et le travail paient !

J’ai décidé de mettre à profit cette expérience pour élaborer une méthode qui pourrait être accessible au plus grand nombre sur la base d'un minimum de 2 heures de travail quotidien (programmation mentale et exercices physiques). Entretemps, je reste bien à votre disposition pour en discuter.

Extraits d'un podcast consacré à la résilience

La résilience, le sport, la musique, la philosophie, l'écriture...

1 - Résilience - Définition et traumatisme initial

2 - Résilience - Mon accident de 1987

3 - Résilience - Stress et douleur

4 - Résilience - Visualisation, marathon et musique

5 - Résilience - Focalisation et jeu d'échecs

6 - Résilience - Le Temps et L'Instant

7 - Résilience - Méthode BOOPP® et ultratriathlon